À Ouagadougou, l’association Open My Eyes for Life Association (OMELA) œuvre à transformer les trajectoires de vie de nombreux jeunes. Par son approche de mentorat holistique, elle propose un accompagnement global, à la fois personnel, émotionnel et professionnel, qui complète l’enseignement formel souvent centré sur l’académique. Grâce à une écoute bienveillante et individualisée, OMELA éclaire les chemins parfois flous de la jeunesse.
Il y a quelques années, Gueswendé Christie Niada était perdue. Le doute avait gagné son esprit. Comme de nombreux jeunes, elle était prise dans un tourbillon de questionnements sur sa vie personnelle et professionnelle. Heureusement, grâce à la structure dans laquelle elle travaille, Gueswendé Christie a découvert une association qui allait l’aider à reprendre sa vie en main.
Elle a tapé à la porte de Open My Eyes for Life Association (OMELA). « Mon mentor m’a écouté, il ne m’a pas jugé, il m’a prodigué des conseils. Et grâce à lui, j’ai pu me fixer des objectifs inspirants et impactants. Il m’a appris à croire en moi, dit-elle. Avec une voix remplie d’assurance retrouvée.

Cette rencontre a transformé sa vision, car précise-t-elle : « Plus tes objectifs sont clairs, plus tu arrives à te propulser en avant. » Pour Christie, le mentorat holistique est une lumière dans un parcours parfois flou, qui offre un cadre où le mentoré s’épanouit.
Dans les salles de classe et les amphithéâtres, les jeunes sont confrontés à de nombreuses incertitudes. Le mentorat holistique agit comme une lanterne pour leur permettre d’avancer avec plus de confiance.
Un complément à l’éducation formelle
Le mentorat proposé par OMELA dépasse largement le cadre des conseils scolaires. « Le mentorat est bien plus que de simples sessions d’accompagnement. C’est tout un programme », explique Dori Emmanuel, responsable de l’association. L’Association forme ses mentors, prépare ses mentorés et met en place des espaces sécurisés, propices à l’échange et à la reconstruction. « Nous avons développé des politiques et des procédures pour encadrer tout ce travail de telle manière que ce soient des espaces bienveillants, sécurisés et sûrs », ajoute-t-il.
Cet environnement permet des transformations concrètes. Le président Dori partage l’expérience d’une jeune fille qui traversait une période difficile. Et après un mentorat, elle a pu trouver sa voie : « Nous avons pu, à travers le mentorat, l’accompagner tout doucement à se ressaisir. Aujourd’hui, elle est confiante, elle s’affirme dans son établissement, elle a des résultats qui l’encouragent et elle a de l’ambition ». OMELA n’a pas vocation à remplacer l’école. Par contre, elle veut combler un vide, en apportant une dimension humaine et émotionnelle souvent absente.
Maître Samuel Ibrahim Guitanga, avocat et mentor, incarne cet engagement. Pour lui, être mentor, c’est offrir aux jeunes ce que lui-même n’a pas reçu : une relation d’écoute, de conseils et d’orientation. Dans l’association, il s’investit à être à l’écoute de son filleul. L’aider à surmonter ses défis. Et rien de plus gratifiant pour lui que « de voir ces enfants grandir et dire un jour que je suis, je peux, je connais le chemin que je veux emprunter pour mon avenir ». En semant confiance et autonomie en ces jeunes, les mentors les aident à devenir leurs propres guides. Prêts à affronter la vie avec assurance.
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Pour mener à bien sa mission, OMELA s’appuie sur des partenariats stratégiques. Dr Lucien Dognon Batcho, enseignant-chercheur à l’Institut panafricain d’études et de recherches sur les médias, l’information et la communication (IPERMIC), en fait partie. Son établissement a découvert la vision de l’association et son caractère humain.

Du coup, il fait bénéficier cet accompagnement à ses étudiants à travers un partenariat. Déjà, le Dr Batcho dit avoir constaté les résultats de cet accompagnement sur les étudiants. « Certains étudiants qui étaient repliés sur eux-mêmes ont commencé à s’ouvrir et de plus en plus à avoir confiance en eux. C’est comme si quelqu’un leur avait enfin dit ‘tu comptes’ », reconnaît l’enseignant. Il est convaincu que le mentorat libère le potentiel créatif des jeunes mentorés.
Une vision ambitieuse
OMELA rêve d’un Burkina Faso où aucun enfant ne se sent abandonné, où chaque jeune trouve sa place. Pour cela, l’association entend étendre ses programmes dans toutes les régions du pays. Elle entend former davantage de mentors. Ouvrir des centres d’écoute.

« Au-delà de la théorie, nous voulons offrir à la jeunesse l’expérience, l’orientation stratégique et les réseaux nécessaires pour affronter la vie », affirme Dori Emmanuel.
Gueswendé Christie Niada, elle, semble avoir trouvé sa voie. Le chemin qui mène à son objectif est désormais dégagé. Peut-être qu’un jour, elle sera à son tour une mentor. Un socle qui aide d’autres jeunes à trouver leur place dans la chaîne sociale.