Des femmes ont pris la décision de faire la cuisine en bénévolat pour les travailleurs sur le site de Faso Mêbo à Bobo-Dioulasso. Parmi celles-ci, Awa Diasso, une veuve de 49 ans. C’est une partie d’elle, de son humanisme et de son patriotisme servis dans de petits plats aux ouvriers.
Veuve et volontaire à Faso Mêbo ! Awa Diasso a perdu son époux depuis six ans. Son veuvage a cultivé en elle le besoin de se rendre utile aux autres et à sa nation. Pour ce faire, elle a choisi de donner un peu d’elle-même dans l’initiative présidentielle Faso Mêbo au Burkina Faso. Elle s’est ainsi engagée à faire la cuisine de façon bénévole sur le site pour les travailleurs. Chaque plat servi est assaisonné par un morceau de son humanisme, son patriotisme.
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Depuis quatre mois, la veuve de 49 ans se rend sur le site de Faso Mêbo au village artisanal à Bobo-Dioulasso, chaque matin à partir de 5 h du matin. Sur place, l’on peut voir d’autres femmes de même que des hommes, truelles, pelles et brouettes en main. Certains mélangent le ciment, d’autres confectionnent des pavés. L’ambiance est bon enfant.

Un peu plus loin, assise, Awa Diasso, à la place de pelle et brouette, tient un couteau. Avec agilité, elle épluche des légumes tout en surveillant la sauce qui mijote au feu. « Je suis venue volontairement pour jouer ma partition dans la construction du pays. Depuis le lancement de Faso Mêbo, je me suis dit que c’est normal que je vienne aider à construire ma patrie. C’est un plaisir pour moi. Comme je n’ai pas les moyens pour venir faire un don, voilà pourquoi je me suis engagée », confie-t-elle, l’air fier.
1000 plats servis par jour
Elle explique qu’avec les autres femmes engagées pour la cuisine, c’est en moyenne 1000 plats servis par jour sur le site. Non sans difficultés. Parmi celles-ci, la volonté de certains des proches de Awa de la dissuader. «Les gens ont voulu me faire changer d’idée, mais je ne les ai pas écoutés. Ils m’ont demandé si c’était rémunéré, j’ai dit non. Ils m’ont dit que le travail du feu rend malade. Je viens ici à 5 h du matin mais je n’ai pas de moyen de déplacement, je prends le tricycle et je descends vers 19 h ou 20 h. Je me débrouille aussi pour rentrer chez moi. Mais ça me plait bien », avance Awa.
Pour sa collègue Mariam Ouédraogo, ce n’est également pas facile de « (…) s’occuper des enfants à la maison et venir travailler ici ». Elle fait comprendre qu’avant de commencer la cuisine sur le site de Faso Mêbo, elle a appris que les gens qui y travaillent n’ont pas à manger. « C’est depuis lors qu’on a commencé à venir faire la cuisine », affirme celle qui se fait appeler maman volontaire pour la patrie.
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Selon Awa Sawadogo, qui fait office de responsable des cuisinières volontaires à Faso Mêbo, Dame Diasso se bat loyalement en apportant sa pierre à la construction du pays. «On travaille ensemble, ça va. On est engagées, très engagées. Très, très engagées », lance-t-elle, une louche en main pour remuer la nourriture dans une grosse marmite. Elle précise qu’au menu, en général c’est du riz, des haricots, du couscous, des spaghettis…
A en croire la responsable, de bonnes volontés donnent de l’argent aux femmes pour le carburant. Aussi, « il y a une qui vend de la pâte d’arachide, on commande avec elle. Une autre amène le pain chaque jour pour le petit déjeuner, à la fin du mois elle gagne quelque chose », détaille Awa pour faire comprendre ce que les femmes gagnent en retour.
Boureima Dembélé
